top of page
Rechercher
Photo du rédacteurJORGE FERREIRA

Rester debout à l’annonce d’un cancer

Elle, c’est Sabine elle a 51 ans, une fille de 18 et un compagnon qui n’a pas d’âge…. Parce qu’elle a oublié.

Elle entre dans mon bureau, sa voix est rauque, ses cheveux courts et ses vêtements amples,… non ! ils sont informes.

Elle n’ose pas s’asseoir malgré mon invitation.

Elle finit par se résoudre à plier…. Mais Les genoux seulement.

Ses yeux se tournent enfin vers moi mêlant feu et eau, foi et détresse, mort et vie : ils disent qu’elle est à la fois fière et anéantie.

Elle sanglote : mon cancer est fini. Mais j’entends encore le docteur m’annoncer que j’ai un cancer… un cancer… un cancer. Aujourd’hui il ajoute : non ! on ne dit pas « fini » il faudra continuer à faire des contrôles réguliers.

Cette phrase met de longues minutes à prendre forme dans sa bouche.

La lutte contre la bête a duré trois ans et demi. Elle s’est sentie seule, elle a eu peur, elle a fait peur à son entourage, des copines du boulot se sont effacées d’autres au contraire l’ont soutenue. La famille ? C’est ceux qui restent, ceux qui prennent et donnent des nouvelles.

Et puis le marathon des examens, froids et douloureux, des temps d’attente qui oscillent entre très longs et interminables. Et dire qu’il faudra s’y coller à vie  même si ça va. Radio, chimiothérapie… du vocabulaire étranger, des mots cruels et un chemin semé d’incertitudes. La

Fronde de David contre le monstre à «milpathe».

Et puis sur ce coup-là Sabine s’en sort : elle n’en revient pas elle-même, parfois d’ailleurs entre deux kleenex chargés de tristesse et de peur elle tire un mouchoir qu’elle s’empresse de remplir de larmes de victoire… bref parfois elle vient et pleure de joie. Et d’ajouter avec un sourire assumé : mon médecin dit que c’est les hormones. Moi je crois que c’est la vie. Je suis en vie.

Mon cancer est parti et il m’a laissé un autre rongeur qui dévore mon énergie et mon moral : vous avez le cancer !

Cette phrase résonne, tambourine, pilonne le cœur de Sabine comme un avertisseur obsolète qui réclame de rester à la une de l’actualité.

Alors si vous traversez le même type de parcours, marqué par le même type d’angoisses, poussez la porte d’un professionnel chez qui vous pourrez déposer cette charge, parler, exprimer rage colère, tristesse, peur ou désespoir : l’emdr est un outil particulièrement adapté pour les traumas pointus qui se transforment en obsession épuisante. Retrouver l’énergie nécessaire pour affronter le cancer c’est se donner toutes les chances de le vaincre : s’encombrer d’une information malvenue, regarder son corps changer et se désespérer, sentir que l’esprit vacille et que l’estime de soi flanche, porter la culpabilité d’inquiéter son entourage… voilà des émotions que je vous invite à éliminer pour être forte et affronter le réel tranquillement .

Aujourd’hui, Sabine m’écrit de temps en temps ; mais de moins en moins souvent : elle a enfin appris à nager, elle passe son permis en même temps que sa fille, je lis son sourire et ses yeux eau-feu dans ses messages. Elle goûte à la paix, une paix qu’elle a choisie.

63 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page